Un virage nécessaire, mais à quel prix ?
Depuis plusieurs années, la France affiche une ambition forte : permettre aux personnes âgées et en situation de handicap de vivre chez elles le plus longtemps possible.
Le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2026) poursuit cette promesse en annonçant un virage domiciliaire accéléré.
Mais sur le terrain, les acteurs des services à la personne alertent : pénurie de personnel, surcharge administrative, absence de reconnaissance et fatigue morale.
Entre volonté politique et réalité quotidienne, le fossé se creuse.
🏠 Un virage domiciliaire ambitieux : plus d’autonomie, plus de proximité
Le gouvernement confirme son cap : renforcer l’accompagnement à domicile et repenser l’organisation territoriale.
- 25 000 nouvelles places de SSIAD prévues d’ici 2030, dont 5 000 dès 2026 ;
- 500 EHPAD transformés en centres de ressources territoriaux ;
- 10 000 nouvelles places en résidences autonomie et habitats inclusifs ;
- 100 M€ investis pour soutenir cette mutation.
L’objectif : favoriser l’autonomie et le maintien à domicile dans des environnements adaptés, entre logement individuel et habitat collectif.
Mais sur le terrain, la réalité interroge : « Comment garantir la qualité quand le volume explose ? »
Les professionnels s’inquiètent d’une croissance sans filet : le virage domiciliaire ne peut réussir sans un accompagnement humain et des moyens pérennes.
Pour en savoir plus sur les dispositifs existants, consultez la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA).
Des créations de postes… mais un recrutement en crise
Le PLFSS prévoit 50 000 nouveaux postes d’ici 2030, dont 4 500 dès 2026. Pourtant, de nombreux emplois actuels restent vacants.
« Créer des postes, c’est bien. Mais ceux qui existent ne sont déjà pas pourvus. »souligne un dirigeant de service à la personne.
Le secteur de l’aide à domicile souffre d’un turnover permanent et d’un manque d’attractivité.
Les jeunes générations perçoivent ces métiers comme précaires, malgré leur valeur sociale immense.
Sans reconnaissance statutaire et financière, cette filière essentielle risque de se vider de ses forces vives.
Miser sur la formation : la clé d’un virage durable
La réponse se trouve peut-être là : former et accompagner les professionnels de demain.
De nouvelles compétences sont nécessaires :
- relation humaine et bientraitance,
- gestion du “vivre ensemble”,
- prévention et autonomie,
- coordination interprofessionnelle.
Des formations existent déjà pour préparer ces métiers d’avenir :
- Dame de compagnie Formation (formation à la bientraitance, à la prévention et à l’accompagnement à domicile),
Anticiper ces besoins dès maintenant, c’est préparer un secteur plus attractif, plus humain et plus durable.
Petites structures, grands défis : le poids de la technocratie
Derrière les grands plans nationaux, les petites structures locales — souvent pionnières du lien social — s’essoufflent.
« Je cède mon entreprise à cause des contraintes réglementaires. Je passe mes journées à remplir des tableaux. Ce n’est plus tenable. »
De plus en plus de dirigeants de proximité, souvent eux-mêmes présents sur le terrain, dénoncent une paperasse envahissante et un manque d’écoute institutionnelle.
La charge administrative érode le sens du métier :
« On perd le sens de nos métiers pour faire de la paperasse. L’humain doit redevenir le centre de nos priorités. »
Un danger guette : celui de voir disparaître les structures indépendantes, maillons essentiels de l’aide de proximité et de la prévention du lien social.
⚠️ Le crédit d’impôt des services à la personne en question
Le crédit d’impôt de 50 %, pilier du modèle économique du secteur, reste inchangé dans le texte principal du PLFSS 2026.
Mais des amendements évoquent une réduction à 40–45 % ou une dégressivité selon les revenus.
Une telle mesure pourrait fragiliser les ménages modestes et menacer la viabilité des prestataires, déjà sous pression.
Les professionnels plaident pour le maintien intégral du dispositif, condition indispensable à la survie du modèle.
Préserver le sens du métier, au cœur de la transformation du secteur
Le Budget 2026 marque une avancée nécessaire vers l’autonomie et la prévention.
Mais sans reconnaissance, formation et simplification, la promesse du virage domiciliaire restera inachevée.
Les services à la personne portent une mission profondément humaine.
Soutenir leurs acteurs, c’est investir dans le bien vieillir, la cohésion sociale et la dignité.
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